vendredi 18 juin 2010

Coup de coeur: l'Albanie


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Notre projet initial était de suivre la côte Méditerranéenne. Mais est-ce un bon choix? Souvent les routes de la côte sont surchargées de trafic et de stations balnéaires, nous l'avons déjà expérimenté en Turquie entre Antalya et Marmaris. Nous avons donc opté pour un itinéraire plus intérieur, mais plus long, car plus sinueux et montagneux.

Dès que nous sommes sortis de Sarandë où le ferry de Corfou nous a déposés, nous découvrons des petites routes très peu fréquentées, un vrai paradis pour les cyclistes. Et dire que la circulation en Albanie est réputée très dangereuse: cliché si l'on choisit bien son itinéraire! Il y a beaucoup de petits mémoriaux au bord de la route, probablement témoins de décès d'accident de la route, mais n'y en aurait-il pas aussi plein le long de nos routes si nous avions aussi cette habitude?

Nous rencontrons quatre autres cyclo-touristes Autrichiens cette première journée en Albanie; il y avait bien longtemps que cela n'était pas arrivé. Nous passons notre première nuit à Gjirokaster, dont la vieille ville très typique avec ses toits en pierres naturelles est classée au patrimoine de l'Unesco.

Après la Turquie et surtout la Grèce, l'Albanie est très bon marché: espresso italien 0.50 CHF, chambre double 20-30 CHF. Et le Leke valant exactement 1 centime suisse, les conversions sont faciles!

Il commence à faire beaucoup plus chaud, aussi adaptons-nous notre horaire en conséquence: réveil vers 5 h, vélo entre 6 et 13-14 h, puis sieste et récupération avant les courses, visites et repas du soir.

Les Albanais des campagnes sont très accueillants et ont l'air heureux malgré la simplicité de leur vie. Les ânes, carrioles et autres attelages nous font penser à l'Asie Centrale, mais les paysages y sont bien plus verts: cela augurera-t-il des périodes plus pluvieuses?

Les villes elles aussi, avec leurs immeubles décatis voire presque en ruines, nous rappellent l'Asie Centrale. Le chômage doit y être important à voir le nombre de désœuvrés.

Après avoir croisé une bonne dizaine de camping-cars allemands, c'est un groupe de vingt camping-caristes italiens qui nous dépasse; une telle invasion dans ce paysage bucolique nous dépasse aussi! N'osent-ils pas voyager tout seuls en Albanie??? En tout cas notre mode de voyage nous vaut des expériences qui leur resteront inconnues: un paysan juché sur son cheval nous arrête pour nous offrir des cerises. Au café du village suivant, la tenancière, une dame joviale qui nous raconte en albanais s'être fait fouillé par les douaniers grecs (la frontière est à trois heures de marche) qui cherchaient de la drogue: elle n'avait pourtant pas l'air d'une trafiquante! Sachant qu'une rude montée nous attend, elle nous offre chacun un gros verre de yoghourt de sa fabrication: délicieux!

A Korçë, nous avions prévu de rallier Tirana, puis la côte. Un couple de français qui mangeaient dans la même brasserie nous prêtent leur guide et nous vante le Nord de l'Albanie, où un ferry de rivière pallie partiellement au manque de routes. Du coup nous re-programmons la suite de notre voyage. Nous empruntons sur une journée une route en Macédoine excellente et sans trafic elle aussi, et qui nous permet de rallier Peshkopi beaucoup plus vite que par l'Albanie. Et nous descendons déjà le Drin Noir, comme nous allons continuer à le faire en Albanie de Peshkopi à Kukes.

La pluie nous rattrape le jour où nous voulions nous engager dans cette gorge du Drin Noir, sur une route réputée fabuleuse mais réservée au 4x4. C'est dimanche, le jour du repos, n'est-ce pas? Nous restons donc au sec dans notre chambre d'hôtel, et profitons du temps libre pour écrire cet article!

L'Albanie est truffée de petits bunkers individuels en forme de champignon: ils auraient été construits dans les années 1970, au moment où l'Albanie craignait d'être envahie. Si cela s'était produit, chaque Albanais se serait-il enfermé dans son bunker pour défendre son pré carré contre l'envahisseur? Cela semble aussi ridicule que nos abris de Protection Civile suisses où nous serions censés nous enfermer en cas d'attaque nucléaire, mais que nous devons continuer à entretenir, ce qui ne semble pas le cas des bunkers Albanais!

Autre particularité étonnante: la très grande majorité des voitures en Albanie sont des Mercedes! On peut souvent compter jusqu'à 10 Mercedes ou plus, avant de croiser une voiture de marque différente. Certaines sont vétustes, mais on en voit aussi en très bon état. Est-ce la seule marque capable de résister aux conditions des routes albanaises? Les Albanais semblent le penser, mais comment font-ils pour se les payer, même d'occasion?