dimanche 20 novembre 2011

Re-traversée des Andes et arrivée en Patagonie


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Avant de quitter Villarrica, nous avons rencontré au Torre Suiza les premiers cyclo-touristes depuis Mendoza:
  • Raoul encore en voiture avec sa femme, mais qui dans 3 semaines ira rechercher son vélo pour "faire" la Patagonie
  • Akiyuki, un Japonais en route lui depuis 2004, avec son amie qui a commencé le vélo depuis 3 semaines!
Pas étonnant quand l'on sait que le Torre Suiza avait été ouvert il y a 14 ans par un couple de cyclistes suisses qui, arrivés à Villarrica après deux ans et demi de pédalage, ont eu envie de changer de vie et ont ouvert cet hôtel.

On est reparti quand même et avons retraversé les Andes, dans le sens Est Ouest cette fois-ci. Miracle, fait que nous avons eu le vent dans le dos! Nous sommes passés devant le volcan Lanin, 3776 m, mais le Paso Mamuil Malal n'est qu'à 1208 m. Une petite pensée pour nos amis des cent cols: en 2000 km, avec 23'000 m de dénivelée, ce n'est que le premier col dûment répertorié sur une carte que nous traversons: pas rentable! Par contre les ponts sont tous baptisés et affichés (et il y en a beaucoup); donc, au lieu d'ouvrir une branche sud-américane des cent cols, il vaudrait mieux y créer le club des mille ponts!

San Martin de Los Andes: cette fois nous sommes arrivés en Patagonie. Nous avons retrouvé nos amis Elsa et Ollivier, déjà rencontrés en Chine. Evidemment on avait plein de choses à se raconter, à se montrer nos films respectifs, et on a fêté l'anniversaire d'Ursula en les invitant pour un apéro ainsi que deux autres voyageurs à vélo, Ivana et Harry, qui se sont arrêtés là pour fonder une famille (naissance toute prochaine). Elle est Argentine, lui Hollandais, et ils se sont rencontrés au camp de base de l'Everest, côté Tibet où elle faisait du vélo, et lui grimpait l'Everest (il a d'ailleurs gravi les plus hauts sommets de chaque continent). Bref belle ambiance de voyageurs sportifs digne de l'anniversaire d'Ursula!

La route des 7 lacs entre San Martin et Bariloche semblant praticable à vélo, nous nous décidons de tenter de passer à travers les cendres rejetées par le volcan Puyehue. En effet la quantité de cendres rejetées est maintenant assez faible, et de plus la route est fermée pour cause de travaux si bien que le trafic est nul. Nous voyons les efforts considérables des Argentins pour nettoyer les grosses quantités de cendres qui se sont déposées surtout dans la région de Villa La Angostura, et l’épaisse couche de cendres accumulée dans les endroits qu’ils n’ont pas encore touchés.

Nous arrivons à Bariloche juste avant une chute de cendres. On ne va sans doute pas s'y attarder, c'est un peu comme une grosse pollution: cela gâche la vue, et ce n'est sans doute pas très sain.

dimanche 13 novembre 2011

Araucanie


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Depuis Concepción, nous longeons le Rio Bio Bio (prononcer viovio), un véritable fleuve de plus d’un km de large au début. La sortie de ville a été difficile, le premier pont pour traverser le Bio Bio était en sens unique, et le second une autoroute 4-6 pistes ! Autrement première étape vraiment gentille, 56 km et seulement 190 m de dénivelée sur une bonne route goudronnée et sans vent contraire. Nous essuyons notre première averse : nous n’aurons donc pas pris notre équipement Goretex pour rien! Enfin je ne devrais peut-être pas ironiser, je risque d’indisposer les pluies patagoniennes à notre égard …

Le lendemain, retour du beau temps, des plaines, … mais aussi de la circulation et du vent du Sud. Cette région semble être tournée surtout sur l’économie forestière à l’échelle industrielle : nous voyons une nouvelle grande usine de cellulose et quelques scieries près de Nacimiento. Les camions transportant le bois se font plus nombreux, mais ces transports devraient encore être optimisés : il n’est pas rare de voir deux camions transportant exactement les mêmes troncs de pins se croiser sur la route!

Nous sommes maintenant en Araucanie, où a débarqué en 1860 Orélie-Antoine de Tounens, un Français qui avait la folie des grandeurs et qui réussit à se faire nommer Roi d’Araucanie et de Patagonie. Son règne plus qu’éphémère, a été raconté avec talent par Jean Raspail dans son livre Adios Terra del Fuego, 2001.

11.11.11: à cinq heures du matin Ursula me réveille en secouant mon lit. Mais qu’est-ce qui lui prend de me réveiller si tôt et de cette manière? J’émerge de mon sommeil et la voit endormie à côté de moi: c’était donc un petit tremblement de terre, confirmé par la gardienne de l’hôtel un peu plus tard. Nous sommes sur le vélo à 7 heures, mais le vent du Sud ne respecte pas son contrat : il souffle déjà fort à l’aube.

Les deux jours suivants, le vent se calme. De Temuico, nous empruntons même l’autoroute sur 20 km, mais le dimanche matin à 7 h, il n’y a presque pas de circulation, et la bande de sécurité est bien large. On arrive à Villarrica, et le Torre Suiza, un hostel tenu par Helena une Suisse-allemande et son mari chilien, le meilleur depuis notre départ.

La région est très touristique et nous en profitons pour laisser les vélos se reposer un peu. Pendant ce temps, on gravit le volcan Villarrica, une course de neige à cette saison. On jouit d’une vue superbe sur la région et sept autres volcans voisins. La descente se fait en se rutschant sur plus de 1300 m de dénivellée, mais nous sommes équipés de « pampers » Goretex et de luges-assiettes. Ce qui n’empêche pas d’être mouillés jusqu’à la culotte en arrivant. Le beau temps et la chaleur retrouvée nous sèchent rapidement.

On va aussi faire une superbe ballade dans le parc national Huerquehue, dans une forêt à la végétation quasi-tropicale et les bois en décomposition relarguent des odeurs étranges qui évoquent parfois la mayonnaise. Pourtant nous arrivons bien vite à la limite de la neige vers 1300 m. Superbe vue sur le volcan Villarrica et le lac Tinquilco au premier plan, voir les photos.

Nous avons aussi pris deux jours de repos, dont l’un passé aux termes de Los Ozornos, ce qui nous rappelle les rotemburos japonais (bains chauds en plein air). De 11h à midi, on y est absolument seuls. Le premier orage de la saison éclate vers 14h30, ce qui rend tout joyeux notre expansif chauffeur de notre bus!

Depuis le sommet du volcan Villarrica, nous avons vu très clairement le prochain problème sur notre parcours prévu : le volcan Puyehue, ou plus exactement son voisin immédiat, le Cordón Caulle rejette de grandes quantités de cendres qui, avec le vent d’Ouest dominant, se déposent dans la région de Bariloche, où certaines routes sont fermées, et en tous cas pas praticables à vélo (voir cette référence).

On va quand même aller jusqu’à San Martin de los Andes en Argentine, de façon à remettre à zéro notre séjour maximal de 3 mois au Chili, et pour y revoir Elsa et Ollivier que nous avions rencontrés à Litang en Chine (voir cet article), et qui continuent leur tour du monde.

lundi 7 novembre 2011

Côte Pacifique de Valparaíso à Concepción


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La première journée en partant de Valparaiso est un peu frustrante: après 6h20 de pédalage effectif (72 km, 1520 m de dénivelée), nous ne sommes qu'à 24.6 km de notre point de départ! Nous avons dû modifier notre itinéraire prévu qui prenait un raccourci impraticable, et faire de grands détours dans un terrain tout en montagnes russes. Mais la région est belle et sauvage : nous traversons d'immenses forêts d'eucalyptus et de pins, avec quelques belles vues sur le Pacifique. Nous sommes tout contents de trouver une cabaña de luxe à louer dans le tout petit hameau de Tunquen.

Le lendemain nous passons par Algorrobo, une station balnéaire à la mode où se construisent d’immenses immeubles, comme sur la Costa Brava. Mais cela ne dure pas, on retrouve bien vite de plus petits villages bien plus sympathiques. A San Antonio je me fais couper les cheveux par le sosie chilien de Bérurier!

Samedi 29 octobre, nous nous faisons dépasser par deux cyclistes qui nous font le plaisir de s’arrêter puis de nous accompagner sur quelques kilomètres, le temps de faire plus ample connaissance. L’aîné a 67 ans, l’autre est nettement plus jeune, père de 6 enfants et est déjà venu en Suisse où il exporte des champignons. Ils nous recommandent vivement de nous arrêter à Matanzas. C’est en effet un spot prisé des surfeurs, mais hélas nous ne sommes pas les seuls à y chercher un logement : c’est le premier jour d’un week-end prolongé, et il ne reste plus que le camping pour nous accueillir : notre équipement de camping nous sauve une nouvelle fois la mise !

Dimanche c’est à Pichilemu que nous nous rendons, la Mecque des surfeurs chiliens, mais nous n’aurons pas le temps de les admirer, les 90 km et 1200 m de dénivelée dont une partie sur terre battue auront bien occupé notre journée. Après quelques recherches nous trouvons une chambre dans un Residencial, hôtel familial moins cher que le camping de la nuit passée. Le fils parle français, il fait des études de psychologie à Toulouse. Le papa va jusqu’à recouvrir nos vélos d’une couverture pour la nuit. Les Chiliens ne doivent pas voir beaucoup passer de voyageurs à vélo dans cette région, ils sont chaque fois impressionnés par notre parcours. Au Lago Vichuquén, Ursula négocie une cabaña miraculeusement encore libre à la moitié du prix initial, bravo, et merci au propriétaire du prix spécial « cycliste ».

Les routes chiliennes sont très variables : nous avons évité les grands axes, et nous sommes souvent retrouvés sur des routes en terre battue très peu fréquentées mais avec parfois des tronçons vraiment raides, où même pousser nos vélos chargés devient difficile. Je prends des photos d’Ursula qui me suit vaillamment en pensant déjà aux légendes dont je vais les illustrer.

Le beau temps est de mise, une seule journée nuageuse, et quelques brouillards matinaux. La température est idéale pour le vélo. Nous nous levons très tôt pour profiter des quelques heures matinales où le vent est nul ou faible. Après 11h, il commence à forcir pour atteindre les 50 km/h l’après-midi.

Le mardi 1er novembre étant férié au Chili, et je dois attendre le lendemain pour voir un dentiste à Constitución. Cette fois j’ai clairement identifié la dent coupable, c’est encore une autre que celle traitée à Valparaíso. A l’hôpital, on me propose de l’extraire, mais je préfère aller voir un dentiste privé pour faire un traitement de racine. Je vais bientôt pouvoir écrire le guide Michelin des dentistes du Chili!

A Constitución, il y a deux grandes usines de production de cellulose. Et on en voit les effets sur les forêts environnantes dont certaines ont été complètement rasées, laissant un paysage de désolation. Certes, ils les replanteront, mais on n’a pas l’habitude de voir ces grandes étendues de forêts coupées et laissées en friche. Cela donne envie de réduire notre consommation de papier.

Quatre jours plus tard, nous voici à Concepción. J’ai un peu reprogrammé les routes que nous suivons, car la circulation devient très rare, même sur les bonnes routes goudronnées. Inutile donc de prendre les petites routes secondaires en terre battue. Lors de l’étape de Chanco, la cuisinière du restaurant nous montre spontanément des photos de l’église qui a été détruite par le tremblement de terre de février 2010, et nous explique qu’en plein boom estival, et avec le tsunami qui a suivi, il y a eu de nombreuses victimes à déplorer. Avec les endroits où nous sommes passés au Japon et en Chine, et qui ont eux aussi été détruits par des tremblements de terre, on prend conscience de la réalité de ces évènements mieux qu’en regardant les nouvelles à la télévision.

J’ai pu terminer mon traitement de racine à Concepción chez une dentiste très soigneuse, cela devrait donc maintenant aller. Concepción est la deuxième ville du Chili, et a elle aussi été régulièrement détruite par des tremblements de terre : 1751, 1835, 2010.

Depuis Concepción, nous quitterons demain la côte du Pacifique pour nous rendre à Temuco, Villarica et Pucón, une région de volcans.