samedi 17 avril 2010

Syrie


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On passe la frontière jordano-syrienne et tout de suite on se sent dans un autre pays. Les chauffeurs sont un peu moins courtois, par contre le sens de l'accueil des Syriens est remarquable. La première personne à qui je m'adresse pour savoir où retirer ou changer de l'argent commence par nous offrir un café, très fort avec de la cardamome, on n'en boit qu'un tout petit fond de tasse à la fois. Puis il m'amène chez un commerçant qui accepte de me changer mes dinars jordaniens, il n'y a pas de banque dans les environs.

Le lendemain de notre arrivée, nous faisons un aller et retour à Bosra, site d'un magnifique amphi-théâtre romain entourée d'une imposante citadelle fortifiée arabe, où nous nous retrouvons quasi-seuls.

Puis c'est Damas, la plus vieille cité de l'humanité habitée sans interruption. On se ballade pendant deux jours dans la vieille ville chargée d'histoire, visitons la mosquée Ummayad, la première grande mosquée de l'Islam, et troisième plus importante après la Mecque et Médine. Nous passons aussi des heures dans les pittoresques souks de Damas, et assistons à un baptême dans la chapelle d'Ananias: Damas est aussi un haut lieu du christianisme, c'est là que Saül de Tarse devint l'apôtre Paul.

Pour éviter l'autoroute entre Damas et Homs, nous passons par Maalula, un petit village de pierres jaunes adossé sur une falaise: enchanteur. On y trouve plusieurs églises et deux couvents. Le canyon qui les relie est superbe, il nous rappelle celui de Pétra. Maalula serait le dernier endroit où l'on parle encore la langue du Christ, l'araméen.


Depuis Homs, nous prenons un bus pour aller à Palmyre: nous ne voulons pas rater ce joyau de l'architecture romaine, mais il y a 160 km de route inintéressante à travers le désert pour y arriver. Coût du ticket de bus: 2.30 CHF, mais pourquoi nous obstinons-nous à pédaler?

Après Homs, le krak des Chevaliers, un magnifique château-fort à double enceinte construit par les Croisés dans un endroit stratégiquement placé, seule brèche à travers le Jebel Ansariyya, et qui assure l'accès à la Syrie intérieure. Ursula s'y entend appeler par son nom, c'est Mikael qui visite aussi le château deux étages plus bas et que nous n'avions plus vu depuis la Mer Morte!

A Apamée, l'hôtel est fermé. Son propriétaire joint par téléphone nous propose de venir de Damas pour nous héberger, mais il y a 3 heures de route et nous lui disons que nous trouverons bien une autre solution. Nous soupons en compagnie d'un ingénieur de maintenance des Pêcheries Syriennes, il gagne l'équivalent de 400 USD par mois et n'a que deux enfants, s'étant marié à 40 ans seulement. Nous apprenons que l'âge de la retraite en Syrie est de 60 ans, ou après seulement 30 ans d'activité. Nous campons sous la responsabilité du propriétaire du restaurant, mais la nuit est très bruyante et nous sommes en pleine ville!

L'étape pour Alep est trop longue, nous la coupons en deux étapes et prenons une petite route complètement en dehors des circuits touristiques. Cela se remarque vite: on est invité sans cesse. C'est vendredi, jour de congé, et les familles déjeunent sur le toit de leurs maisons. Nous acceptons l'une de ses invitations, la famille a dix enfants, et on ne nous laisse pas repartir avant de nous avoir rassasié, offert moult thés, et le café arabe pour terminer.

Une femme cuit du pain dans son four devant la maison. Avant que j'aie pu lui de mander si je pouvais en acheter, elle m'en tend un grand, et impossible de le lui payer. Quand elle voit arriver Ursula, elle nous en donne un second.

Le soir, à Idlib, petite ville provinciale qui n'existe pas dans les guides touristiques, nous mangeons une pizza devant une échoppe quand Mazen nous aborde en anglais et nous invite chez lui pour nous donner l'occasion de découvrir un intérieur syrien. Il a une charmante famille de trois enfants. Le lendemain matin, il se lève aux aurores pour nous indiquer la route à prendre, car il y en a deux, et l'autoroute est bien sûre déconseillée.

Et enfin nous voici à Alep: elle dispute à Damas le titre de plus vieille ville habitée sans interruption, et « Alep plaît », même sans jeu de mots. La vieille ville a été très heureusement préservée de la modernisation. Maintenant inscrite au patrimoine de l'Unesco, des entrepreneurs locaux, parfois avec l'aide de l'Allemagne, restaurent les bâtiments historiques.

Les souks d'Alep sont encore plus charmants que ceux de Damas, il y a une rue ou ruelle pour chaque type d'article, par exemple nous sommes tombés sur la rue des machines à coudre. Même la ville nouvelle n'échappe pas à cette tendance, notre hôtel est dans la ruelle des pneus. Il y en a même dans le sous-sol de notre bâtiment, et nous avons du caser nos vélos sur un minuscule balconnet qui n'aurait pas pu les recevoir s'il avait été un cm moins long ou moins large!

La forteresse d'Alep est bâtie sur une colline, et est plus imposante que celle de Damas, particulièrement son portique d'entrée.

Le quartier Al Jdeida, où l'on trouve de nombreuses églises, arménienne, maronite, grecque orthodoxe, grecque catholique et syrienne catholique, est plein de charme lui aussi. Mais, nous nous sentons mieux reçus par les musulmans que par les chrétiens. Ce sentiment qui résulte de plusieurs petits indices, par exemple on nous refuse sans explication l'entrée dans l'église syrienne catholique. Dans les mosquées, nous ne pouvons pas pénétrer pendant l'heure de la prière, mais on nous l'explique en s'excusant presque.

Encore un mot sur la cuisine moyen-orientale. Heureusement qu'il n'y a pas de balance par ici, contrairement à nos précédentes habitudes de pédaleurs errants, cette fois nous n'avons pas dû perdre un gramme! Tout est excellent, on y trouve profusion de légumes, d'huile d'olive et viandes grillées (très proche de la cuisine méditerranéenne) plus les hors d'oeuvre tels que hummus, moutabal, taboulé, ... . Les galettes de pain accompagnent tous ces repas, et on trouve fréquemment des pains sucrés, ainsi que d'autres confiseries très sucrées à base de pistache, dates, etc. Les fruits sont très beaux, et parfaitement mûrs: on fait en ce moment une cure de fraises qu'on achète par un kilo voire un kilo et demi à la fois: l'an passé nous n'en avions pas vu à prix acceptable au Japon. Ce soir nous irons dîner chez Sissi, le meilleur restaurant d'Alep. Il a fallu réserver, il était déjà plein hier soir.

Nous avions beaucoup aimé la Jordanie, mais la Syrie va rester pour nous un souvenir tout-à-fait exceptionnel, tant par sa richesse en sites touristiques que par l'accueil extraordinaire de ses habitants.