lundi 26 avril 2010

Antioche - Cappadoce, ou Turquie première partie


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Alep-Adana

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Göreme

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Göreme

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Contrairement à ce qu'indiquent les cartes syriennes, Antioche (ou Antakya, en turc) est bel et bien en Turquie. C'est Atatürk qui avait reconquis cette province, indépendante pour un court laps de temps, mais qui a fait une fois partie du mandat français en Syrie, d'où la revendication des Syriens.

Grâce à Atatürk encore, qui a imposé le changement de l'alphabet arabe à l'alphabet latin, on arrive à lire le turc et à le prononcer à peu près correctement (le c se prononce dj, le ç tch, etc). Pour les mots occidentaux, cela donne une écriture très phonétique, par exemple aksesuar ou kuaför. La compréhension c'est autre chose, mais on arrive à commander une grande ou une petite bouteille d'eau sans problème (büyük ou küçuk su) ce qui fait qu'on ne va au moins pas mourir de soif. Enfin on plaisante, après le Japon et la Chine, la communication est quand même considérablement plus facile!

La Turquie ne fait pas partie de l'Europe, ni géographiquement ni politiquement. Enfin pas encore, peut-être y rentrera-t-elle même avant la Suisse? En tout cas, les grandes chaînes de distribution elles, l'ont déjà bien intégrée: les supermarchés Migros, Mediamarkt, Carrefour, ... y pullulent. On se croit donc déjà presque à la maison, dommage qu'on ait oublié notre carte kümülüs!

En partant d'Antakya, nous nous nous sommes fait piéger par Google Maps qui montrait sur la carte une petite route ralliant Antioche à Iskanderun. Après 1830 m d'ascension, juste avant d'arriver à un sommet dominant, une auto-mitrailleuse nous intercepte et nous intime l'ordre de rebrousser chemin (heureusement qu'on ne ressemble pas à des Syriens!). Retour donc à la case départ. On aurait pu faire cette belle excursion sans aucun trafic, sans se coltiner les bagages! Le soir à l'hôtel, en zoomant sur la région avec Google Earth, nous voyons que nous avons manqué une piste qui, elle, allait bien dans la direction voulue. Mais bon, le lendemain on a pris la route principale comme tout le monde.

A Adana, nous décidons de prendre un bus pour la Cappadoce. L'inspiration était bonne, le seul itinéraire possible passe par une autoroute bien entendu interdite aux cyclistes.

La Cappadoce est un site naturel où volcanisme et érosion ont créé des phénomènes naturels remarquables. Le tuf est très tendre et les hommes y ont creusé d'innombrables habitations troglodytiques, dont certaines sont encore occupées.

Les communautés monastiques byzantines ont elles aussi creusé dans les roches tendres, entre le VIIIe et le XIIIe siècle, une multitude de couvents et d'églises rupestres décorées de fresques. La Karanlik Kilise (église sombre), à Göreme, est celle qui contient les plus belles fresques. Notre nouveau Nikon D90 y est très à l'aise malgré le peu de lumière et l'interdiction d'utiliser le flash.

Nous avons passé quatre jours dans les environs de Göreme, explorant à vélo et parfois à pied plusieurs de ces sites remarquables et qui ne cessent de nous étonner tant par les formes que les couleurs des roches.

samedi 17 avril 2010

Syrie


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On passe la frontière jordano-syrienne et tout de suite on se sent dans un autre pays. Les chauffeurs sont un peu moins courtois, par contre le sens de l'accueil des Syriens est remarquable. La première personne à qui je m'adresse pour savoir où retirer ou changer de l'argent commence par nous offrir un café, très fort avec de la cardamome, on n'en boit qu'un tout petit fond de tasse à la fois. Puis il m'amène chez un commerçant qui accepte de me changer mes dinars jordaniens, il n'y a pas de banque dans les environs.

Le lendemain de notre arrivée, nous faisons un aller et retour à Bosra, site d'un magnifique amphi-théâtre romain entourée d'une imposante citadelle fortifiée arabe, où nous nous retrouvons quasi-seuls.

Puis c'est Damas, la plus vieille cité de l'humanité habitée sans interruption. On se ballade pendant deux jours dans la vieille ville chargée d'histoire, visitons la mosquée Ummayad, la première grande mosquée de l'Islam, et troisième plus importante après la Mecque et Médine. Nous passons aussi des heures dans les pittoresques souks de Damas, et assistons à un baptême dans la chapelle d'Ananias: Damas est aussi un haut lieu du christianisme, c'est là que Saül de Tarse devint l'apôtre Paul.

Pour éviter l'autoroute entre Damas et Homs, nous passons par Maalula, un petit village de pierres jaunes adossé sur une falaise: enchanteur. On y trouve plusieurs églises et deux couvents. Le canyon qui les relie est superbe, il nous rappelle celui de Pétra. Maalula serait le dernier endroit où l'on parle encore la langue du Christ, l'araméen.


Depuis Homs, nous prenons un bus pour aller à Palmyre: nous ne voulons pas rater ce joyau de l'architecture romaine, mais il y a 160 km de route inintéressante à travers le désert pour y arriver. Coût du ticket de bus: 2.30 CHF, mais pourquoi nous obstinons-nous à pédaler?

Après Homs, le krak des Chevaliers, un magnifique château-fort à double enceinte construit par les Croisés dans un endroit stratégiquement placé, seule brèche à travers le Jebel Ansariyya, et qui assure l'accès à la Syrie intérieure. Ursula s'y entend appeler par son nom, c'est Mikael qui visite aussi le château deux étages plus bas et que nous n'avions plus vu depuis la Mer Morte!

A Apamée, l'hôtel est fermé. Son propriétaire joint par téléphone nous propose de venir de Damas pour nous héberger, mais il y a 3 heures de route et nous lui disons que nous trouverons bien une autre solution. Nous soupons en compagnie d'un ingénieur de maintenance des Pêcheries Syriennes, il gagne l'équivalent de 400 USD par mois et n'a que deux enfants, s'étant marié à 40 ans seulement. Nous apprenons que l'âge de la retraite en Syrie est de 60 ans, ou après seulement 30 ans d'activité. Nous campons sous la responsabilité du propriétaire du restaurant, mais la nuit est très bruyante et nous sommes en pleine ville!

L'étape pour Alep est trop longue, nous la coupons en deux étapes et prenons une petite route complètement en dehors des circuits touristiques. Cela se remarque vite: on est invité sans cesse. C'est vendredi, jour de congé, et les familles déjeunent sur le toit de leurs maisons. Nous acceptons l'une de ses invitations, la famille a dix enfants, et on ne nous laisse pas repartir avant de nous avoir rassasié, offert moult thés, et le café arabe pour terminer.

Une femme cuit du pain dans son four devant la maison. Avant que j'aie pu lui de mander si je pouvais en acheter, elle m'en tend un grand, et impossible de le lui payer. Quand elle voit arriver Ursula, elle nous en donne un second.

Le soir, à Idlib, petite ville provinciale qui n'existe pas dans les guides touristiques, nous mangeons une pizza devant une échoppe quand Mazen nous aborde en anglais et nous invite chez lui pour nous donner l'occasion de découvrir un intérieur syrien. Il a une charmante famille de trois enfants. Le lendemain matin, il se lève aux aurores pour nous indiquer la route à prendre, car il y en a deux, et l'autoroute est bien sûre déconseillée.

Et enfin nous voici à Alep: elle dispute à Damas le titre de plus vieille ville habitée sans interruption, et « Alep plaît », même sans jeu de mots. La vieille ville a été très heureusement préservée de la modernisation. Maintenant inscrite au patrimoine de l'Unesco, des entrepreneurs locaux, parfois avec l'aide de l'Allemagne, restaurent les bâtiments historiques.

Les souks d'Alep sont encore plus charmants que ceux de Damas, il y a une rue ou ruelle pour chaque type d'article, par exemple nous sommes tombés sur la rue des machines à coudre. Même la ville nouvelle n'échappe pas à cette tendance, notre hôtel est dans la ruelle des pneus. Il y en a même dans le sous-sol de notre bâtiment, et nous avons du caser nos vélos sur un minuscule balconnet qui n'aurait pas pu les recevoir s'il avait été un cm moins long ou moins large!

La forteresse d'Alep est bâtie sur une colline, et est plus imposante que celle de Damas, particulièrement son portique d'entrée.

Le quartier Al Jdeida, où l'on trouve de nombreuses églises, arménienne, maronite, grecque orthodoxe, grecque catholique et syrienne catholique, est plein de charme lui aussi. Mais, nous nous sentons mieux reçus par les musulmans que par les chrétiens. Ce sentiment qui résulte de plusieurs petits indices, par exemple on nous refuse sans explication l'entrée dans l'église syrienne catholique. Dans les mosquées, nous ne pouvons pas pénétrer pendant l'heure de la prière, mais on nous l'explique en s'excusant presque.

Encore un mot sur la cuisine moyen-orientale. Heureusement qu'il n'y a pas de balance par ici, contrairement à nos précédentes habitudes de pédaleurs errants, cette fois nous n'avons pas dû perdre un gramme! Tout est excellent, on y trouve profusion de légumes, d'huile d'olive et viandes grillées (très proche de la cuisine méditerranéenne) plus les hors d'oeuvre tels que hummus, moutabal, taboulé, ... . Les galettes de pain accompagnent tous ces repas, et on trouve fréquemment des pains sucrés, ainsi que d'autres confiseries très sucrées à base de pistache, dates, etc. Les fruits sont très beaux, et parfaitement mûrs: on fait en ce moment une cure de fraises qu'on achète par un kilo voire un kilo et demi à la fois: l'an passé nous n'en avions pas vu à prix acceptable au Japon. Ce soir nous irons dîner chez Sissi, le meilleur restaurant d'Alep. Il a fallu réserver, il était déjà plein hier soir.

Nous avions beaucoup aimé la Jordanie, mais la Syrie va rester pour nous un souvenir tout-à-fait exceptionnel, tant par sa richesse en sites touristiques que par l'accueil extraordinaire de ses habitants.

lundi 5 avril 2010

Jordanie


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Avec le retard de notre bateau, nous ne débarquons à Aqaba que vers 23 heures. Nous pédalons vers le centre ville, et n'arrivons à l'hôtel qu'à minuit précise. Le lendemain, grasse matinée et journée de repos. Nous soupons en compagnie de Philippe et Ideline, un couple Vaudois rencontré dans l'avion, au Mt Sinaï, et qui voyagent "sac au dos" à plus de 70 ans. Nous les reverrons encore à Pétra!

L'étape suivante nous amène au Parc National de Wadi Rum. Magnifique paysage de désert avec des montagnes rocheuses impressionnantes. Nous nous établissons au camping local, en compagnie des grimpeurs (Israéliens, Suisses, Anglais, Russes, ...). Les frères Remy ont ouvert quantité de belles voies dans cette région, et sont une vraie légende parmi les grimpeurs. Du coup, on est comme "l'homme qui a vu l'ours"! Le lendemain à l'aurore, nous faisons un tour en 4X4, nous sommes les seuls touristes dans le parc à cette heure là. Puis on se lance à pied dans un canyon bien frais, avant de papoter au camping avec les grimpeurs.

Wadi Rum – Pétra: longue étape de 113 km, 1400 m de montée et un fort vent contraire pour corser le tout. Nous arrivons à Pétra à la nuit tombante, en compagnie de Mikael, un jeune Savoyard parti pour un tour du monde à vélo couché. Nous allons rester 6 jours en sa compagnie. Il a eu bien des ennuis avec son matériel, mais garde un moral d'acier, malgré l'inconfort qui en résulte (plus de réchaud, tente passoire, crevaisons multiples, dérailleur foireux, ...).

Jusqu'ici chaque étape nous apportait son lot de touristes, mais à Pétra, c'est une avalanche. Cela ne nous empêche nullement d'admirer ce merveilleux site nabatéen, implanté dans un site naturel extraordinaire. Les Romains ont également construit leurs édifices, puis le site est complètement tombé dans l'oubli, jusqu'à ce qu'un Suisse le redécouvre avec l'aide de guides bédouins locaux.

Il faut être bon marcheur pour visiter cet immense site, et y consacrer au moins deux jours entiers. Ce que nous avons fait, mais hélas, le mauvais temps s'est installé le deuxième jour.

Jolie étape agréable pour rejoindre Dana, une réserve naturelle dans une vallée qui descend de 1100 m jusque vers ‑50 m. Nous profitons de la beauté de l'endroit et des buffets de l'hôtel le lendemain aussi.

Grosse étape pour rejoindre Al Karak: que 92 km, mais avec un sacré wadi à traverser, 1900 m de montée ce jour-là. On passe aussi nos 20'000 km de vélo (et 183'000 m de montée) depuis notre départ en 2008. Visite du château bâti par les Croisés. Saladin avait profité des festivités annoncées d'un mariage pour attaquer le château. La mariée lui a fait parvenir quelques mets du festin, du coup Saladin a donné l'ordre d'épargner la chapelle où avait lieu le mariage: les guerres d'autrefois étaient parfois presque sympathiques!

Longue descente vers le point le plus bas de la terre, 420 m au-dessous de la mer (hélas l'Everest reste impraticable à vélo!): c'est la Mer Morte. Elle descend d'ailleurs toujours plus bas, puisque les eaux de Jourdain qui l'alimentaient sont maintenant largement utilisées à l'amont de la Mer Morte et ne compensent plus l'évaporation naturelle. Il y aurait un projet de construire un canal depuis la Mer Rouge pour sauver la Mer Morte. En attendant, la concentration en sel continue aussi à augmenter, et l'expérience d'un bain dans la Mer Morte est vraiment étonnante. On ne remarque rien en marchant dans l'eau, mais dès qu'on s'immerge, on remonte comme un bouchon! Evitez le contact avec les yeux; Mikael, qui en a quand même fait l'expérience, n'a pas pu les rouvrir pendant 3 minutes!

Nous remontons sur Madaba, les touristes sont partout, et il est difficile d'y trouver une chambre d'hôtel. Nous finissons par trouver un hôtel qui a installé des tentes sur son toit, qu'il n'est pas possible de réserver à l'avance. Internet disponible à la réception, il était temps, nous avons quelques affaires à régler en Suisse.

Un mot au sujet de l'affaire des minarets: nous n'avons pas caché notre nationalité, même si nous n'en sommes plus très fiers après l'acceptation par le peuple suisse de l'initiative anti-minarets lancée par l'UDC. Personne ne nous a jusqu'ici fait la moindre remarque désobligeante. L'hôtelier de Madaba, un arabe chrétien, fut le premier à nous en parler, et pour nous en féliciter: les chrétiens n'ont pas la vie facile en terre musulmane. Bravo la tolérance réciproque entre chrétiens et musulmans, des deux côtés il y a des progrès à faire!

Les hôtels de Madaba sont pleins, aussi décidons-nous de faire halte à Amman. Nous tombons sous le charme de ses souks richement achalandés et pleins de vie avec ses vendeurs-bonimenteurs qui rivalisent de décibels pour appâter le chaland.

Jerash est notre dernière étape en Jordanie. On y trouve les ruines d'une grande cité romaine, les plus importantes hors d'Italie.

Avant de passer la frontière pour la Syrie, nous dégustons un dernier(?) hummus – falafel – fuul, trois plats sans viande très populaires, que nous avons appris à découvrir en Jordanie et qui se dégustent avec une galette de pain juste sortie du four: un vrai régal!