dimanche 28 juin 2009

Traversée des Alpes Japonaises, entre murs de neige et routes coupées


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Saviez-vous que le Japon est un pays très montagneux? Eh bien, notre périple de ces derniers jours nous en a tout-à-fait convaincus.

Partis de Takayama, une charmante petite ville qui a su garder son charme d'antan, nous avons gravi la route la plus haute du Japon: après 2200 m de montée, nous atteignons vers 17 h un col à 2713 m. La route est fermée aux véhicules à moteur privés, donc seuls circulent les bus, les taxis, et deux cyclistes, nous! Cette route est aussi très surveillée, pas question d'aller y faire du camping sauvage, ni d'y circuler après 18 h (à 19h il fait nuit). A l'arrivée du col, une voiture de patrouilleurs nous attend et nous demande de rebrousser chemin; nous expliquons notre intention de descendre de l'autre côté du col pour poursuivre notre itinéraire. Cette route est barrée, mais les patrouilleurs nous autorisent à passer quand même.

La descente en versant Nord est impressionnante: la route vient d'être fraisée et les murs de neige ont parfois 5 à 6 m de hauteur! Nous sommes absolument seuls, comme lors de notre descente du Barlacha La, mais il fait beau et la route est bien dégagée, donc pas de soucis. Nous voyons la végétation passer par tous les stades, du repos de l'hiver, à la floraison puis à la luxuriance de l'été. Au bas de la descente, nous devons décharger les vélos, pour passer la barrière qui ferme la route, et à la nuit tombante, nous trouvons un endroit où camper.

Le lendemain, la route que nous voulons emprunter est de nouveau barrée. Notre itinéraire ne dépassant pas cette fois 1700 m, donc en principe sans neige, nous passons outre. Au début la petite route de montagne est magnifique, et les éboulements de l'hiver ont manifestement déjà été nettoyés. Mais plus on avance, moins c'est vrai: on doit même une fois décharger les vélos pour passer par dessus les rochers qui encombrent la route. Alors qu'il nous reste moins d'un kilomètre avant de rejoindre la route ouverte, soudain la route a complètement disparu, emportée par un glissement de terrain. Que faire? En regardant bien, on voit sur le talus amont des traces de pas. On essaye à pied, cela passe mais il faut se tenir avec les mains, pas question de passer avec les vélos chargés, d'autant que la glissade est interdite. Finalement nous sommes si près du but que nous démontons complètement les vélos et passons un à un bagages et pièces détachées, avant de tout remonter de l'autre côté, en priant qu'il n'y ait pas un autre obstacle infranchissable le dernier kilomètre!

La civilisation retrouvée, nous allons camper à Kamikochi, une jolie station de montagne, où nous croisons quelques alpinistes. La soirée venue, il pleut jusqu'au lendemain. Nous descendons sur Matsumoto sous une pluie toujours battante, heureusement que notre matériel tient le coup. Au premier rayon de soleil, nous nous arrêtons pour faire sécher la tente et nos Goretex, plus facile de le faire ici que dans une chambre d'hôtel!

Le lendemain il pleut, et nous restons à Matsumoto pour préparer la suite de notre itinéraire. Nous profitons aussi d'aller voir le château, après Himeji et Hikone, nous aurons vu 3 des 4 plus beaux châteaux en bois du Japon.

Nous rejoignons ensuite Nagano par beau temps. Nous sommes surpris de trouver une ville pratiquement vierge de toute trace des JO de 1998. Nous logeons dans un ryokan (hôtel japonais traditionnel) tout près du temple Zenko-ji qui domine la ville et qui confère à ce quartier une sérénité particulière, surtout après 16 h, où le temple et les échoppes ferment les uns après les autres.

Après Nagano, nouvelle dure journée pour nos mollets: 1945 m de montée, et nous arrivons à Kusatsu, où un bain dans un onsen (bains thermaux) en plein air nous décontracte un peu les muscles. L'étape suivante, Numata, est plus facile, 69 km et seulement 720 m de dénivelée. Heureusement, car la fatigue s'installe, et le lendemain c'est à nouveau 1780 m de montée! On se repaye un onsen, c'est très relaxant et on est tout propre pour camper. Nous arrivons, par un itinéraire très original à Nikko, haut lieu du tourisme au Japon. Seul problème: nous sommes samedi, et les temples inscrits au Patrimoine Mondial de l'Unesco sont vraiment bondés. Le propriétaire de notre hôtel, impressionné par notre périple, nous prépare un programme de visite tout-à-fait original. C'est donc grâce à lui que vous voyez des endroits de Nikko peu connus; grâce à nos mollets aussi puisque cette étape qui ne comportait pratiquement que de la descente, nous a quand même fait grimper près de 700 m!

Le dimanche nous prenons à nouveau une petite route de montagne pour éviter un long tunnel de 2.75 km . Hélas arrivés au col (!), nous retrouvons la route barrée! Cette fois nous redescendons et empruntons sagement le tunnel! Nous rencontrons plusieurs motards, et des amateurs de voitures de sport qui font ronfler leur moteur. La mécanique humaine est certes plus lente, mais extraordinairement silencieuse et peu polluante!

Ces deux derniers jours nous ont amené à Tokyo, mais par un itinéraire de pistes cyclables très sympathique, merci à Japan Cycling Navigator qui a inspiré largement notre choix de routes de Shimonoseki à Tokyo. Arriver en plein centre de Tokyo à vélo ne nous a donc posé aucun problème, mais nous allons quand même profiter du métro durant les quatre jours que nous allons y passer, pour obtenir un visa pour la Chine et y préparer la suite de notre itinéraire. Nous allons probablement prendre un transport plus rapide pour l'Hokkaido, l'île du Nord du Japon, afin d'y profiter d'un climat plus favorable en ce début d'été.

vendredi 12 juin 2009

Kansai

Himeji - Kobe - Osaka - Nara - Kyoto - Gifu


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Depuis Takamatsu, nous avons pris un ferry pour l'île des olives, Shodoshima. Nous profitons de traverser dans tous les sens cette île montagneuse et idéale pour les ballades à vélo: nous nous payons quelques 4 km de pente pouvant atteindre jusqu'à 18%, limite pour nos vélos chargés. Mais les vues sur la mer sont magnifiques, et le reste de notre itinéraire suit la côte, superbe à vélo.

Un autre ferry nous amène à Himeji, dans le Kansai. Changement complet de décor: cette partie du Japon est très industrielle et très peuplée. Fini les petites routes tranquilles dans la forêt ou la campagne! Himeji possède le plus beau château du Japon. Nous apprendrons plus tard que sa façade va être très bientôt rénovée: nous avons eu la chance d'arriver avant qu'il ne soit masqué par des échafaudages.

Puis c'est la traversée de Kobe et d'Osaka, villes respectivement de 1,5 et 2.5 millions d'habitants, et l'on ne quitte guère la zone urbaine entre ces deux cités. Pourtant, à vélo, c'est "moins pire" que prévu: il y a toujours soit une voie pour les cyclistes et piétons, soit une bande d'arrêt d'un mètre de large où personne ne circule (sauf nous). Le plus pénible c'est de s'arrêter aux feux rouges qui, au Japon, sont significativement plus longs qu'en Europe.

En ressortant de cette métropole, nous prenons la route 308, qui paraissait plus petite sur la carte Google Maps. Surprise de taille: oui cette route est petite, mais elle monte droit haut sur une colline de 450 m, avec une pente terrible. Impossible bien sûr de pédaler, même y pousser nos vélos chargés fut un exercice physique intense limite: avec une route mouillée nous n'aurions pas pu passer! La descente de l'autre côté est un peu moins raide, mais nous devons quand même nous arrêter fréquemment pour laisser nos jantes refroidir.

Nous passons par Nara, une ancienne capitale impériale. C'est une ville plutôt petite et après la visite de l'impressionnant Todai-Ji, le plus grand bâtiment du monde construit en bois, nous flânons dans la forêt qui domine la ville. A l'entrée d'un temple, des moines récitent leurs prières, et donnent à cet endroit une atmosphère magique.

Peu après Nara, nous empruntons une piste cyclable de 50 km, une aubaine dans cette région encore très peuplée. Cela nous amène à Kyoto, la plus belle et intéressante ville du Japon. C'est la deuxième fois qu'Alain s'y promène à vélo, la première, c'était lors d'un voyage professionnel dans les années 80. Cela reste le moyen idéal pour visiter cette ville qui s'étend sur plusieurs kilomètres, et les temples à visiter sont distribués sur toute la périphérie de Kyoto. Pour vous donner une idée, voici la carte de Kyoto avec les quelques 80 km que nous avons parcouru pour nous rendre d'un temple à l'autre:

Nous ne sommes pas restés très longtemps à Kyoto, notre voyage à vélo continue et nous nous dirigeons maintenant vers les Alpes Japonaises. Vous vous rappelez peut-être de Nagano, qui avait accueilli les JO d'hiver de 1998: et bien c'est une de nos étapes prévues, avec plusieurs cols, voire même un passage à 2700 m si la route est déjà ouverte, et si le temps le permet.

Jusqu'ici, la saison des pluies est plutôt clémente, un seul jour de vraie pluie à Kobe. Cette aubaine météorologique nous pousse toutefois de l'avant, et nos journées sont plutôt bien remplies: pas eu le temps de lire une seule ligne depuis 15 jours. A l'arrivée de l'étape, il faut faire les courses, préparer l'itinéraire détaillé du ou des jours suivants, organiser les photos et les tracés GPS pour le blog, ... vivement la pluie dans un endroit sympathique où se reposer!

samedi 6 juin 2009

Chugoku - Shikoku


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Pourquoi ce titre? Commençons donc par une courte leçon de géographie. Le Japon comprend quatre îles principales (sur les 4 000 de l'arc insulaire), qui représentent plus de 95 % du territoire. Du sud au nord, Kyushu que nous avons traversé deux fois, Shikoku, l’île de la mer intérieure, Honshu, la plus grande et la plus peuplée, et enfin tout au nord, Hokkaido.

Pour passer du Kyushu à Shikoku (voir la carte ci-dessus), nous avons traversé l'ouest du Honshu, région appelée Chugoku.

Peu après avoir quitté Shimonoseki, nous traversons des régions essentiellement rurales et très tranquilles. Nous découvrons de très belles petites routes désertes entre les lapiaz d'Akiyoshi-dai et la petite ville de Hagi, sur la côte nord.

Dans la campagne, nous voyons beaucoup de personnes âgées qui travaillent dans leurs jardins ou leurs champs. A force d'être courbées toute la journée, ou est-ce leur âge vraiment avancé, elles semblent avoir de la peine à se relever ou se déplacent avec un déambulateur, voire une chaise roulante électrique. Une ou deux fois, on rencontre même de ces chaises sur la route en pleine campagne ou montagne! Une autre fois c'est un petit magasin de montagne tenu par un couple d'au moins 80 ans, lui complètement sourd, elle se déplaçant avec peine sur son déambulateur. Avec un taux de fécondité de 1.25 enfant par femme, la population du Japon a commencé à décliner en 2005, ce qui, avec l'immigration quasi-nulle, et l'espérance de vie la plus élevée au monde, pose de graves problèmes. Le recul de l’âge de la retraite est à l’ordre du jour, et certaines personnes âgées commencent même à être réembauchées pour combler le manque de plus en plus apparent de main-d'oeuvre (référence Wikipédia). On mesure notre chance d'avoir pu prendre notre retraite à 60 ans!

Hiroshima: pour la première fois, nous voyons plusieurs touristes occidentaux. De ce fait, le niveau d'anglais des Japonais y est bien meilleur, et même les petits restaurants vous proposent une carte en anglais! Comme quoi, à très long terme, la bombe atomique a quand même un aspect positif! Humour très mal placé, car justement la ville d'Hiroshima fait un effort remarquable pour que l'on n'oublie pas l'horreur de l'arme nucléaire, et s'engage beaucoup pour tenter de l'éradiquer complètement à l'horizon 2020. On pourrait plutôt se demander ce qui attire les touristes à venir à Hiroshima. Eh bien nous vous encourageons vivement à visiter le Peace Memorial Park, qui ne laisse aucun visiteur indifférent quand à l'atrocité de l'arme nucléaire et aux dangers extrêmes qu'elle fait courir à l'humanité.

Pour passer du Chigoku (Honshu) à l'île intérieure du Shikoku, nous empruntons la piste cyclable du Shimanami: nous traversons 6 autres îles et donc 7 ponts plus beaux les uns que les autres, et surtout prévu pour bien séparer les cyclistes du trafic motorisé. C'est magnifique, quelques vues nous rappelle le Lavaux, sauf que les vignes c'est du thé, le Léman c'est la mer, et qu'il manque juste les Alpes!

Le Shikoku est une île très montagneuse quand même: nous y passons un col à 1450 m. La vallée de l'Iya est quasi-confidentielle à cette saison. On s'arrête dans tous les petits magasins pour s'y approvisionner tant bien que mal (ne nous vous apitoyez quand même pas trop, c'est beaucoup plus facile qu'au Pamir!). Le mauvais temps (nuageux, pluies éparses) nous ramènent vers Takamatsu et la civilisation.

On nous pose fréquemment des questions sur le coût de la vie au Japon. Oui, après les pays du Sud-Est asiatique, le Japon est cher. Pour deux personnes, difficile de trouver une chambre à deux personnes pour moins de 90 à 120 francs suisses (mais les voyageurs seuls dépensent deux fois moins, une exception parmi tous les pays déjà visités). On peut manger pour environ 10 à 15 CHF dans un restaurant, et la nourriture que nous achetons dans les super-marchés nous semble souvent plus chère qu'en Suisse; mais les produits de base japonais (tofus, pousse de soja, ...) sont moins chers. Les bistrots sont très rares au Japon, et un simple café y coûte environ 5 CHF. Pour le type de dépenses que nous avons, le Japon est donc globalement un peu moins cher que la Suisse, mais il faut bien regarder les prix pour éviter de mauvaises surprises.

On ne fait pas beaucoup de progrès en japonais, mais soulignons l'extrême gentillesse de la plupart des gens à qui nous nous adressons pour nous aider à trouver ce que l'on cherche. Même sans parler l'anglais, ils savent se faire comprendre à force de sketches, ou même en nous amenant à l'endroit que nous cherchions.

La suite de notre voyage au Japon va nous ramener, via la petite île de Shodo-Shima, à Himeji, célèbre pour son château. Puis ce sera la traversée de l'immense métropole d'Osaka, ça va nous changer de la vallée de l'Iya! Mais il y a Kyoto et Nara juste après, et on ne voudrait pas les manquer!