mercredi 31 août 2005

Kirghizstan


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24-25 juillet Voyage sans problème de Genève à Moscou et Bishkek par Aeroflot. Arrivés à 6 h à l’hôtel avec un minibus commandé par Internet en même temps que la réservation de la chambre. L’hôtel Alpiniste, tout neuf, est très bien, nous dormons jusqu’à 8 h. Après montage des vélos, visite de la ville, achat de cartes, provisions, riz, nouilles, lait en poudre, porridge, thé, café sucre, fruites secs. Excellent repas au restaurant Bombay (indien), mais la fatigue aidant, on s’endort presque sur place. Retour avec nos lampes, pas de réverbères allumés.

26 juillet Départ 8 h de la ville à 800 m par la route principale. Il y a beaucoup de circulation; après 55 km bifurcation à Petrovka, direction Keper Arik, puis Sosnovka, où nous rattrapons la route principale pour Och. Nous traversons souvent la Kara Balta, vallée encaissée, il fait beau et chaud. Après 95 km et à 1485 m d’altitude, nous cherchons une place pour la nuit, difficile de trouver un endroit plat dans cette vallée encaissée. Nous bifurquons sur un petit chemin le long d’un ruisseau et trouvons, 100 m plus loin, une grande famille en train de faire un pique-nique royal. La grand-mère (qui a notre âge !), ses 4 enfants et leurs familles, 10 petits-enfants. Ils nous invitent d’abord pour le melon et vodka et ensuite pour le repas principal cuit sur place (ils ont tout pris, même le samovar). Deux des fils parlent anglais, l’ambiance est très chaleureuse. Ils partent vers 6 h et nous montons la tente à côté de la rivière, vélos et bagages restent dehors, vu l’exiguïté de notre tente ultra-légère.

27 juillet Il nous faut 2 h pour démonter la tente et déjeuner, prêts à 8 h nous pédalons toujours le long de la même rivière, la route goudronnée monte gentiment, pas mal de camions nous dépassent. Après 20 km commencent les longs virages à lacets, montée plus raide, discutons avec 2 cantonniers, un parle un peu allemand. Plus haut une voiture s’arrête et deux jolies kirghizes nous offrent du kumis, lait de jument fermenté, assez plaisant. A midi, Alain fait du riz. Nous avons tous les deux des problèmes de tourista. Un camionneur s’arrête et nous partage un melon: il a de la peine à comprendre pourquoi nous voyageons à vélo, et nous prend pour des touristes un peu désargentés ! A 15h 30 nous arrivons enfin, à 3100 m, devant le tunnel du Thor Ashu, long de 2,6 km. Les gardiens pensent trouver un camion pour nous faire passer, mais après une heure d’attente, nous traversons à vélo, pas drôle du tout : un camion nous dépasse et nous disparaissons dans les gaz d’échappement. Quel magnifique paysage de l’autre côté, la montée pénible est vite oubliée. Une grande plaine large et verte s’ouvre à nous. Après la descente nous quittons la route d’Och et bifurquons à gauche : première route non goudronnée mais large et pratiquement sans trafic. Premières yourtes. Arrêt à Suusamyr, où nous trouvons le panneau « Tourist information » et pouvons prendre une chambre chez un jeune couple très sympathique avec une fille d’environ 2 ans. On nous prépare une soupe aux légumes puis pain, beurre et confiture,. Nous pouvons nous laver à l’eau froide. WC « cabane » au fond du jardin. Fatigués, nous nous couchons tôt.

28 juillet Pendant le petit déjeuner, une Autrichienne arrive en « taxi » de Kyzyl Oy, le trajet que nous allons faire à vélo. Journée tranquille, beaux paysages, suivons une rivière, beaucoup de mouches pendant le pique-nique de midi. A Kyzyl Oy nous sommes dirigés par le tourist information chez Rosa. 8 familles se partagent l’accueil des touristes dans ce village. Rosa a une petite maison que nous occupons, avec une grande pièce pour dormir et une avec table basse. Assis par terre, Rosa nous prépare le thé avec pleins de bonnes choses à manger, dont aussi du très bon pain et une excellente confiture. Elle nous propose une douche dans la cabine en bois dans le jardin de son frère, 4 murs en bois avec un réservoir d’eau posé sur une planche au dessus, l’eau chauffe au soleil, le luxe. Petite balade aux alentours du village au bord de la rivière. Curieuses collines vert pâle, dû à une fine couche de végétation. Au retour une autre logeuse qui parle allemand vient nous trouver. Toutes possèdent un petit classeur avec quelques traductions, anglais, anglais phonétique, russe et kirghize ; de cette manière on peut nous situer, marié, enfants, origine etc. Rosa va nous organiser une journée à cheval pour le lendemain. Au moment de nous coucher, elle pose deux épaisses nattes au sol, avec draps et couverture en satin. Nous dormons très bien.

29 juillet A 9 h nous partons à cheval, pas évident d’être à l’aise. Nous suivons un chemin direction SW, montons 1000 m pour nous arrêter à une yourte ; le guide nous propose de continuer encore 7 h, dormir sur place et revenir le lendemain. Mais nous n’avions ni prévu de dormir ailleurs ni envie de nous asseoir encore plus longtemps sur la selle. A pied nous montons un bout après avoir reçu du kumis, imbuvable (beaucoup trop fort !), et pain confiture. Des nomades habitent plus haut dans leurs yourtes avec les troupeaux de chevaux, vaches et moutons. Au retour on nous sert le diner et nous redescendons à cheval au village. Je ne sais plus comment me mettre tellement je suis mal assise et crispée. Nous découvrons les alentours, une vallée très verte, c’est magnifique. Au retour à Kyzyl Oy, nous rencontrons un jeune cycliste, Dror http://www.pbase.com/drorparker/root, israélien, parti il y a 4 mois d’Istanbul. Il est intéressé de voir sur les cartes d’Alain le futur trajet, pour Song Kul. Pour finir il vient manger et dormir chez Rosa dans la petite pièce à coté de notre chambre. Quelle chance, il parle le russe, appris pendant son voyage. Souper très convivial en parlant russe et anglais. Rosa est surprise d’apprendre notre âge. Nous avons été aux petits soins durant notre séjour chez elle, c’est une hôte au sens de l’accueil exceptionnel !

30 juillet Nous quittons Rosa après un bon petit déjeuner vers 8 h. Descente le long de la rivière, Dror nous rejoint. Bifurcation à 1400 m, une route goudronnée remonte à Chaiek. Nous achetons de quoi nous nourrir pendent quelques jours. Il fait très chaud. Un peu plus loin nous traversons toute cette large vallée sur une mauvaise route pleine de cailloux avec un vent contraire très pénible : par moment je dois même pousser le vélo, je n’arrive plus à pédaler. Le ciel est très chargé, des coups de tonnerre, une ambiance magnifique. La traversée semble interminable. Voilà qu’en contresens arrivent 4 Belges http://www.katrienenebroindeknel.be/ , dont deux ont quitté la Nouvelle Zélande et pédalent depuis 6 mois ; la sœur avec son copain les ont rejoints pour un mois de vélo au Kirghizstan. Ils descendent du lac Song Kul. Nous apprenons que la route Naryn - Tosor est praticable à vélo et pour eux c’était le plus beau parcours depuis le départ du voyage : voilà qui nous motive pour ce parcours que nous avions prévu ! A 7 h nous arrivons enfin à l’entrée de la vallée et trouvons un endroit pour camper. Alain et Dror déchargent les vélos et retournent en arrière pour chercher de l’eau. Ils profitent pour prendre un bain dans la rivière. Au souper : pâtes aux parmesan. Nous avons juste le temps de tout ranger avant la nuit.


31 juillet Lever à 5 h 30, il fait grand beau, départ à 8 h sur une route bien entretenue, d’abord c’est assez plat avec des traversées de rivière ; quelques camions transportant du charbon, il y a des mines plus loin. Les gens habitent dans des roulottes toutes rouillées. Ils creusent un peu par tout, il y a des lacs turquoises, est-ce la pollution ? Et nous montons… un col à 3400 m nous attend. Nous pique-niquons près de baraques de mineurs. Un peu après un minibus s’arrête et une jeune dame demande d’où je viens, voilà que c’est un couple de Bulle en voyage d’exploration pour une agence de voyage à Bulle. Enfin à 15 h, j’atteins le col, Alain m’attend depuis 1 h et Dror une demi-heure. C’est magnifique, le lac au loin, le paysage vert-or. Assis dans les edelweiss nous contemplons à trois cet endroit féérique. La descente est encore longue, on s’arrête souvent pour prendre des photos. C’est un autre monde, des yourtes, chevaux, moutons, quelques personnes chaleureuses, des enfants viennent à notre rencontre.
Nous arrivons à 18 h 30 au bord du lac et demandons près d’une yourte si nous pouvons camper à côté. Impossible d’éviter de poser la tente sur les edelweiss ! Nous pouvons prendre l’eau dans un réservoir à la yourte. Les Bullois sont juste derrière nous et viennent nous apporter une plaque de chocolat suisse, ce que nous apprécions beaucoup pour varier notre ration alimentaire constituée seulement de pâtes et de riz. Ce sont les seuls touristes que nous avons rencontré vers ce lac. Je m’attendais à un endroit très touristique. Il fait assez froid, nous sommes à 3000 m et pouvons vivre un très beau coucher du soleil.

1er août Pas de réveil, debout à 8 h et départ à 10 h. Ce plateau est beau et si grand, 2 h jusqu’au bout du lac, quelques yourtes et chevaux en liberté, magnifique paysage. Alain peut acheter du pain pour le diner chez des nomades, avec le chocolat c’est parfait. Dror a toujours sa bouteille de miel. Nous montons au 3ème col de plus de 3000 m. A 4 h nous y sommes, 3368 m d’altitude. Une longue descente de 1000 m nous attend. Belles fleurs dans les pâturages et quelques marmottes. Une voiture s’arrête, le touriste qui en sort est Suisse allemand : nous lui demandons d’envoyer pour nous un e-mail pour rassurer nos proches. En arrivant au plat, Dror voit des cyclotouristes et les rejoint. Nous allons jusqu’à Tyulek où nous trouvons à loger chez les gens dans une yourte. Mais leur curiosité nous dérange, pas un moment tranquille à part au « bain ». Ils nous servent des pâtes et des tomates, pain et thé. Quand nous leurs faisons comprendre que nous sommes très fatigués et aimerions dormir, il nous explique, il est 10 h du soir, que le souper allait arriver. Mais nous n’avons plus faim. Il faut lutter encore un peu, finalement ils comprennent. Nous devons faire un nœud dans la cordelette qui tient la porte de la yourte fermée, si non des tas de gens veulent venir voir les touristes.

2 août A 6 h 30 nous nous levons, le déjeuner est prévu pour 7 h, mais il faut patienter encore une demie-heure pour avoir du thé dans les gourdes. Départ à travers des collines arides, Dror nous rejoint peu de temps après. Il a dormi quelque part sous tente, les cyclotouristes n’étaient pas sympathiques. Il pense aller à Kochgor. Mais en regardant encore une fois les cartes avec Alain, il décide de venir avec nous à Naryn. La route est goudronnée jusqu'à 10 km avant le prochain col. Passage très pénible, beaucoup de camions et voitures qui montent tout lentement, entre la poussière soulevée et les gaz d’échappement, plus les cailloux, c’est pour moi le bout le plus pénible du voyage. Au col à 3050 m nous nous équipons, le ciel est chargé, la pluie menace. 10 km plus loin la route est à nouveau goudronnée. Il ne pleut finalement que très peu. A un arrêt, des automobilistes nous offrent de la vodka : nous n’en n’apprécions que davantage la descente qui se poursuit. 2 km plus loin, dans un village, nous achetons une boîte de sardines. Heureusement Dror a un ouvre-boîte !! Il fait chaud et le ciel se dégage, petite sieste dans un champ. Il reste encore 50 km jusqu’à Naryn. Nous traversons une région montagneuse, des montées et descentes se suivent avec beaucoup de vent contraire, nous roulons serrés l’un derrière l’autre. A 17 h 30 nous voilà à Naryn, ville très allongée, délabrée, triste. Nous trouvons à nous loger dans un appartement de 3 pièces. Une étudiante s’occupe de nous pour les repas. Elle nous fait même la lessive. Nous allons souper au restaurant, c’est très bon marché.

3 août Elle nous a préparé un très bon petit déjeuner avec fruits et légumes crus. Nous allons d’abord chercher un café Internet pour enfin donner des nouvelles aux familles. Quelques achats pour les prochains 4-5 jours en autonomie. Fruits secs, fromage, Mars etc. A 1 h nous partons en taxi pour Tach Rabat, ancien caravansérail à 125 km de Naryn, non loin du col Torugart. Nous croisons 2 Français à vélos et échangeons nos expériences de route. Le ciel est assez nuageux, il y a des yourtes pour touristes près de Tach Rabat. C’est très vert. Imposante bâtisse, un bus avec des touristes canadiens arrive. Après ¾ h nous retournons à Naryn. La route est assez mauvaise. La logeuse nous a préparé un bon souper, Beaucoup de légumes, pommes de terre et un peu de viande, une demi-pastèque pour le dessert. Après notre régime riz-pâtes c’est exactement ce qu’il nous faut. Bonne nuit jusqu’à minuit. Quelqu’un sonne à la porte et commence à taper, nous ne bougons pas, c’est sûrement un type qui a trop bu de vodka. Heureusement après 15 min. il se décourage et part.

4 août Super-déjeuner, bonne confiture, pain et tortellini. Départ à 9 h 30. Dror doit d’abord aller changer de l’argent, aucune banque ne voulait lui changer ses $ le jour précédent. La route est goudronnée un bout. Nous sommes de nouveau partis en ayant oublié acheter du pain. Après 35 km la route devient plus mauvaise, dans le dernier village il n’y a pas de pain. Changement de direction, traversées de rivières, voila encore une maison et les gens nous vendent un peu de leur pain. Nous passons dans une étroite vallée et Alain trouve une place pour la nuit. Dror est là 45 minutes après, en étant parti 2 h après nous. Nous avons bien du temps, c’est agréable de ne pas devoir se presser pour installer la tente et faire le repas. Un orage éclate juste pendant que nous mangeons notre riz. Le parapluie est très utile, Dror n’a pas ce problème avec sa grande tente. Il en sort juste pour nous photographier.

5 août Départ à 8 h avec du soleil, à 1 km, je me rends compte que je n’ai plus mon rétroviseur. Alain retourne au campement et me le rapporte. Nous suivons une gorge en traversant plusieurs fois la rivière. Une vallée plus ouverte nous attend à droite. Passant devant une ferme isolée, je vais demander pour acheter du pain, à ma surprise, en plus du pain ils nous offrent à chacun 2 bols de yaourt : que c’est bon ! Le village suivant n’est plus habité. Encore une rivière à traverser sur un pont ! Nous pique-niquons avec pain fromage et chocolat. Dror se nourrit de pain et miel. Première averse, on s’équipe, mais le soleil revient encore un petit moment. Nous traversons un plateau et au bout s’ouvre une vallée très large. Le ciel menace toujours plus et nous arrivons en plein dans un orage violent avec grêle. Assez éloignés les uns des autres, Alain me rejoint et nous nous accroupissons dans le champ à quelques m des vélos. Les grêlons nous tapent sur la tête et le dos, nous gèlent et les éclairs ne sont pas loin. Au bout d’un moment il faut continuer, il est déjà 5 h du soir. En roulant toujours sous la pluie sur une route boueuse, Alain voit une flèche faite avec des cailloux. Nous suivons la direction à travers champ et trouvons une yourte. C’est Dror qui nous avait marqué la flèche. Quel accueil par cette famille, qui nous offre du thé, pain confiture, crème etc ; il fait chaud, et nous pouvons nous réchauffer et sécher. Ces Kirghizes sont tellement chaleureux ! A 18 h les nuages s’éloignent et nous pouvons monter les tentes à côté de leur yourte. Ils sont très curieux de voir toutes nos affaires. Alain prépare les nouilles après avoir été cherché de l’eau dans une rivière plus éloignée, l’eau du ruisseau à côté des tentes n’ayant pas l’air potable.


6 août A 6 h le soleil réchauffe déjà la tente, c’est plus facile de se lever. Départ à 8 h à travers cette longue vallée à 2800 m d’alt. Toujours beaucoup de chevaux, même des yaks. Très lentement nous gagnons de l’altitude. Pause midi aussi pour sécher la tente. Dror nous rejoint. Il a mangé avec la famille dans la yourte et est parti 2 h après nous. Le paysage est magnifique, très vert et les montagnes qui nous entourent des 2 côtés commencent à montrer leurs glaciers. Il fait grand beau, agréablement chaud dans la journée. Mais où est donc ce col ? Vers 14 h 30, à 3250 m d’alt. nous hésitons à monter la tente et traverser le lendemain. Dror nous prépare un café et nous mangeons quelques biscuits. Il veut passer le col aujourd’hui. Alors Alain et moi décidons de continuer aussi. Vers 16 h 30 nous voyons enfin la route qui monte au col, il reste 400 m de dénivellation. Un coup à boire, un Mars et ça repart ! La route devient de plus en plus raide et caillouteuse, même Dror doit pousser les derniers 300 m. Nous arrivons tous ensemble, à 6 h du soir au col à 3900 m, h e u r e u x !!! La lumière est fantastique, ciel bleu, regard en arrière, nous voyons un petit lac au milieu des prairies vertes entourées de glaciers. Le col passe entre 2 montagnes sur 100 m presque à plat et nous voilà de l’autre côté, quelle surprise, à gauche des glaciers sur toute la face de la montagne descendent bien plus bas que la route. Quel plaisir de pédaler dans ce paysage sauvage de haute montagne. La descente n’est pas de tout repos, parfois il faut pousser, trop de cailloux. Nous descendons jusque à 19 h, et trouvons dans une prairie au bord de la rivière un endroit très humide. 2 heures sont nécessaires pour monter la tente, cuisiner, souper, ranger et il fait très froid. A 21 h nous pouvons enfin nous enfiler dans notre petite tente et n’en ressortons pas avant que le soleil nous chauffe le lendemain. Au milieu de la nuit une couverture survie par-dessus les 2 sacs de couchage nous aide à garder un peu de chaleur.

Ces hommes droits qu'un ciel clair suffit à rendre heureux
(Ella Maillart)


7 août Au premier rayon de soleil, à 8 h nous nous levons. Toujours grand beau, l’endroit est magnifique, montagnes, glaciers, vallée verte, rivière. Dror nous quitte pour pouvoir arriver à Karakol le même jour. C’était très sympa de passer ces 10 jours ensemble. Il nous trouve bien en forme pour notre âge. Nous descendons, un cavalier nous demande où nous allons. Quelques maisons, une rivière à traverser, le seul pont (planche) amène directement vers une maison. Les gens nous font signe de passer vers eux et nous invitent à leur table bien garnie, ils fêtent un anniversaire. La jeune fille parle l’anglais et est très contente de pouvoir s’exercer. Dror s’est aussi arrêté avant nous. Le ventre plein, nous continuons à descendre la vallée, le chemin est souvent sablonneux. Vers 15 h nous arrivons au bord du lac Issyk Kul à 1600 m d’alt. Tout est vert, près de ce lac aussi large (60 km), on se croirait au bord de la mer. Les arbres fruitiers se suivent. Nous achetons des abricots, quel régal. Arrêt vers un magasin au bord de la route, un Danois arrive avec son vélo avec remorque. Grand voyageur, il a passé la KKH l’année précédente avec sa remorque. Nous trouvons un guesthouse à Tampa pour 200 soms par personne. Les lits sont tellement creux qu’Alain attrape un mal de dos qui va le poursuivre durant quelques jours. Nous longeons un sanatorium pour aller souper. Cuisine russe, un jeune nous parle d’abord en anglais. Il a passé 2 ans à l’Université de Zürich et est content de parler ensuite avec nous en allemand.

8 août Nous pouvons faire notre déjeuner dans la cuisine du guesthouse. Départ à 8 h 30, ciel couvert, temps agréable pour rouler. Pas mal de voitures, des vieilles Ladas et mais aussi plusieurs belles Mercedes et Audi ( ?) Nous trouvons des tomates et concombres pour le dîner, toujours du bon pain. Après la pause midi je n’ai pas revu Alain jusqu’à Karakol, ce n’est pas normal. D’habitude, il est toujours devant moi. Un grand rond-point marque l’entrée de la ville. Je continue un bout, et encore un, toujours pas d’Alain. Je décide de retourner à l’entrée de la ville et l’attendre. La pluie menace, je roule et soudainement je vois Alain qui vient en face avec sa veste fluo, ouf…Il m’avait attendu à un carrefour, mais je ne l’avais pas vu. Il pleut et nous allons dans un café pour voir où loger. Une dame vient nous proposer d’aller chez elle. Mais nous n’avons pas encore pris la décision. Je vais au WC qui se trouve dans la rue, WC du quartier, comme en cabane. Finalement nous cherchons une maison assez éloignée du centre. En comptant les rues nous y arrivons. Ah, mais c’est la dame de tout à l’heure ! Ils ont transformé une maison en chambres d’hôtes assistés par Helvétas. Très jolie chambre, WC et douche en commun. Elle commence par nous servir le thé toujours avec une excellente confiture, pain et beurre et biscuits. Il pleut toute la soirée, nous partons avec notre parapluie pour aller souper au l’hôtel Yak. Les gens peuvent poser les tentes dans le jardin et au souper il y a 2 grandes tables ; nous retrouvons Dror et soupons ensemble avec bien d’autres touristes autour de la table. C’est très sympathique et le repas est bon. Nous sommes les seuls à ne pas dormir là et rentrons dans la nuit, sous la pluie, il n’y a jamais d’éclairage dans ces villes kirghizes. Nous recomptons les rues et retrouvons notre auberge. Bonne nuit dans de bons lits.

9 août Bon déjeuner en compagnie d’autres hôtes, un couple d’Italiens et 2 Belges. Intéressant de pouvoir discuter. Ils sont étonnés qu’on voyage à vélo. Ils sont aussi bien plus jeunes que nous, où sont donc les touristes de notre âge ? Journée cartes postales. Nous les achetons à l’office CBT et cherchons un restaurant pour manger et ensuite écrire les cartes. Dans un restaurant indiqué par Lonely Planet, ils refusent de nous servir. Cela ne nous est encore jamais arrivé. Fâchés nous cherchons un autre. A la poste la dame nous fait payer le prix des timbre et pose les cartes sur un tas. Elles n’arriveront hélas jamais ! Nous allons visiter le temple chinois, pas exceptionnel. Après une sieste dans notre chambre nous passons à côté de l’église orthodoxe et retournons au Yak pour le souper. Cette fois nous sommes à une grande table qu’avec de jeunes francophones. Dror est parti quelques jours pour un trek à pied.

10 août Déjeuner 7 h, nous ne pouvons pas rester la nuit suivante à l’auberge, pour cause d’overbooking. Alors nous changeons un peu notre plan et pédalons aux sources chaudes d’Altyn Arachan. Après une bonne route vers l’est de Karakol, nous bifurquons et continuons sur une route non goudronnée, caillouteuse et détrempée par les dernières pluies, je pousse souvent. Une jeep est derrière nous, mais elle s’embourbe souvent et ne nous rattrapera pas. C’est long et nous ne savons pas exactement à quelle altitude est la cabane. Il nous faut 4 h pour les 30 km. Nous arrivons en même temps que la pluie. A la cabane nous avons une chambre avec 2 couchettes et des sacs de couchages militaires russes. Dans une roulotte à côté une jeune nous prépare du thé et les 4 h avec des prunes. Nous allons au bain chaud. Une cabine pour nous, l’eau est très chaude, presque trop pour moi. En sortant avec mes cheveux mouillés j’ai de la peine à me réchauffer. L’endroit est superbe, le Palatka, montagne en forme de tente, domine avec ces 5000 m, magnifiquement enneigé. Depuis cet endroit pas mal de gens partent pour plusieurs jours de trekking. Malheureusement il pleut un peu tous les jours. Plusieurs tentes sont montées au bord de la rivière. Nous sommes à 2600 m, il ne fait pas chaud. A 19 h nous pouvons souper dans la roulotte , très bon, et ensuite nous allons nous balader un peu. Nuit très tranquille.

Le Palatka (Tent Peak) 5020 m

11 août A 8 h déjeuner : frites et pains au fromage, tartines au miel et chaussons aux pommes ! Nous montons à pied dans la vallée à gauche sur un autre plateau 500 m plus haut, il y a un lac plus loin, mais nous préférons revenir et descendre avant midi à vélo. La route est plus sèche et à la descente tout va mieux. Cette fois nous sommes contents d’être à vélo, à pied la descente est très longue. Nous trouvons des yaourts dans le premier magasin dans le village en plaine. A 15 h à l’auberge, il commence juste à pleuvoir. Même chambre, thé et nettoyage des vélos. Pour le souper nous allons à pied dans un restaurant assez chic près de chez nous et mangeons très bien.

12 août Il pleut encore un peu le matin. Nous partons direction ouest vers Jeti Ogüz voir les rochers rouges et le « cœur brisé ». Encore un sanatorium, il y a pas mal de monde, des curistes ? Nous montons dans la vallée verte le long de la rivière jusqu’à un plateau avec quelques yourtes à 2200 m. En retournant après le rocher brisé, je vois de loin 3 garçons, dont un s’avance pour pouvoir me taper la main. Je crains qu’il ait trop de force et laisse ma main sur le guidon, alors il me tient par le bras, ce qui fait tourner mon guidon et je finis par terre, première chute de ces vacances, je suis en rogne. Heureusement je m’en sors avec des éraflures et un gros bleu sur ma cuisse droite. Les jeunes disparaissent au plus vite. Le thé nous attend à l’auberge. Le fils de la propriétaire vient nous dire qu’il a besoin de notre chambre et que nous pouvons aller dormir dans un appartement un peu plus loin. Cette fois c’est trop, nous avions réservé et nous refusons.

13 août Après une visite à l’église orthodoxe nous partons direction nord pour contourner le lac. A 8 km nous bifurquons pour visiter le musée Przewalski. Une jeune guide qui parle bien l’anglais. Cet explorateur russe célèbre a exploré l’Asie, la Sibérie, Mongolie jusqu'à Lhassa pendant 10 ans. En 1870, il est mort du typhus à Karakol à 49 ans. Nous poursuivons la route, passons par une plage avec des petites maisons. A midi nous achetons du pain, tomates et concombres et mangeons dans un parc ; 2 Espagnols à vélo viennent discuter avec nous. La route est assez bonne, un peu de circulation, souvent des villages. Nous aimerions acheter des fruits, il y en a partout au bord de la route dans des seaux, mais il faut acheter tout le seau. Pas commode à vélo ! Un monsieur nous fait venir chez lui, ces arbres fruitiers sont tellement chargés, il cueille des prunes et abricots pour nous. Nous nous régalons, mais il y en a trop. Après avoir demandé dans chaque village pour un guesthouse, ils nous envoient toujours plus loin. Fatigués, nous avons assez pédalé, 100 km. Par chance un monsieur nous accueille chez lui. Nous le suivons à sa maison, il doit être garagiste à voir toutes les voitures en mauvais état et les pièces détachées dans la maison. Ils nous mettent leur chambre à coucher à disposition. Elle nous prépare le thé, pour les WC il faut traverser 2 poulaillers pour trouver la petite cabane avec un trou à côté des cochons. Vers 20 h elle nous prépare des pâtes. Dommage de ne pas pouvoir mieux discuter en russe. Nous demandons pour nous laver. Il y a un bania, ils chauffent de l’eau au bois. Nous nous couchons tôt, une chambre sans porte, ils regardent la télé à côté.

14 août Après une bonne nuit nous déjeunons et payons le prix usuel pour l’hospitalité, pourrions nous trouver cela chez nous ? Toujours ces arbres fruitiers chargés comme je n’en ai jamais vu. Après 15 km nous achetons quelques provisions pour aller dans la vallée de Chong Ak-Suu vers le nord et dormir au bord d’un lac à 2400 m. C’est très touristique, des stands le long de la route, des aigles domestiqués à poser sur la tête et les épaules pour faire une photo en payant bien sûr. Plus nous montons, plus nous sommes seuls et la vallée s’ouvre. Nous voilà à une barrière. Un militaire veut absolument garder un de nos passeports pour être sûr que nous reviendrons le lendemain. La frontière avec le Kazakhstan n’est qu’à quelques km. Alain lui fait confiance et lui laisse le sien. Je n’aurais pas donné le mien à 4 jours du retour en Suisse. Nous montons plus haut et voilà que le porte-bagage arrière du vélo d’Alain casse. Heureusement il arrive à le répare avec une sangle. Nous finissons par trouver le lac. Un paysage magnifique, quelques yourtes, vaches et chevaux. Un jeune vient discuter un moment avec nous et boire un café. Nous soupons près de grosses pierres pour mettre le réchaud à l’abri du vent. A la tombé de la nuit nous montons la tente près du lac au seul endroit plat. Nous sommes à 20 h au lit, il fait froid.

Echangeons-nous nos montures ?

15 août Le soleil nous fait sortir de la tente à 7 h, il fait grand beau. Les veaux arrivent, derrière eux les dindons pour brouter ou trouver quelques graines. Nous redescendons après 9 h et découvrons le deuxième lac que nous n’avions pas vu en montant. Quelques yourtes, paysage très paisible. Nous arrivons vers le camp militaire. Alain avait raison, on lui rend son passeport sans problème. Nous redescendons la vallée et trouvons un groupe de touristes Savoyards, ils voyagent avec un car « Besson » ! Arrivés à la route principale, soupe aux nouilles au restaurant et nous roulons jusqu’à Cholpon Ata. Il y a plus de circulation. 15 km avant cette station balnéaire, il commence à voir des cafés et des stands de glaces. Après quelques recherches nous trouvons la dame du guesthouse recommandé par le Lonely Planet : on nous loue une petite chambre, mais toute la famille doit la traverser pour aller dans la suivante. La logeuse est professeur d’anglais à Bishkek et ne gagne que 20 $ par mois. Elle passe son temps à l’arrêt de bus pour trouver des touristes pour arrondir les fins de mois pour elle et sa famille, enfants et petits-enfants. De nouveau un accueil très chaleureux. Nous allons visiter les pétroglyphes près de la maison. Ces pierres avec des gravures sont très abîmées par les vaches qui s’y frottaient les cornes.
Après le souper, nous allons voir la plage de sable avec quelques pédalos et des stands le long du chemin. Cette année il n’y a que peu de touristes à cause du renversement du président. Nous regagnons la maison à la nuit tombante. Mais malentendu, la famille avait préparé un souper pour nous. Toute la nuit des chiens aboient, j’ai peu dormi.

16 août Debout à 7h, déjeuner et Alain fait quelques photos de la famille, nous allons à l’arrêt de bus.

La route pour Bishkek, d’environs 200 km devient presque une autoroute, trop pénible et dangereuse pour y aller à vélo. Un minibus nous prend en rabattant 4 sièges pour les vélos. Près de 4 h de voyage confortable pour arriver à Bishkek. A vélo, nous allons à l’hôtel Alpiniste où nos cartons pour le transport des vélos nous attendent. La chambre est un peu plus grande pour 48 $. Diner dans un restaurant japonais. Après avoir donné des nouvelles par Internet nous roulons dans la rue la Soviet, et, surprise, Dror nous appelle. Nous avions prévu de lui laisser la béquille du vélo d’Alain et ses sur-souliers dont il va avoir besoin pour affronter le Tibet. Beaucoup de plaisir de le revoir, il vient d’arriver en bus de Karakol. Nous buvons quelques chose ensemble, il est avec un Français que nous avions aussi vu près de Jeti Oguz. Dror viendra le lendemain chercher les affaires à l’hôtel.
Nous nous baladons encore un peu et allons souper dans un excellent restaurant turc Yuso. Toujours sans éclairage nous retrouvons l’hôtel à l’aide de la lampe frontale.

17 août Dernier jour de vacances. Nous visitons le bazar d’Osh, grand marché d’une propreté inégalée en Asie, on ne peut pas laisser un noyau de pêche par terre. Nous laissons les vélos en face du restaurant Fatboy’s, dinons et allons voir le grand magasin ZUM. Le CD du Kyrghyzstan que nous y achetons ne fonctionnera pas. Après-midi, démontage des vélos, Alain laisse les porte-bagages avant qui n’auront supporté qu’un voyage, ainsi que son porte-bagages arrière cassé : Inutile de ramener cette ferraille et payer un surplus de bagages pour l’avion. Nous partons pour une balade et retournons souper turque. Préparations des bagages le soir.

18 août Mauvaise et courte nuit. Réveil à 3 h, le déjeuner est prêt, départ à 3h 30 en taxi minibus à l’aéroport. Nos cartons pèsent 46 kg et nous devons payer 60 $ pour les 6 kg en trop, pourtant à 2 nous avons perdu 6 kg pendant ces vacances. Vol sans problème, arrivée à Genève à 11 h 30, train et taxi pour la maison. Il nous faudra 2 jours pour nettoyer les vélos à fond. Vacances extraordinaires. Le tout pour 830 $ pour les 2, plus les billets d’avion.